Je ne suis ni la première, ni la dernière à le dire : la PMA rend con.
Loosequeen en avait parlé en d’autres termes, et aujourd’hui, je re re confirme : la PMA rend con.
Non mais oh Bounty, tu déCONnes grave, tu sais bien que les hormones ne jouent pas sur la connerie ? Quand bien même cela serait possible, pourquoi donc alors ?
Ah ben c’est très très simple : tu vis bas-ventre, tu dors bas-ventre, tu décides bas-ventre, tu respires bas-ventre, tu vois bas-ventre, tu entends bas-ventre.
Tu commences un protocole, et zou, en moins de deux secondes toute ta vie est focalisée sur ton bas-ventre. Et le bas-ventre, qu’il soit sous la ceinture ou juste au dessus, je te le garantie, c’est pas compatible avec tout autre réflexion intelligente.
Bref, la focalisation sur le bas-ventre, ça rend con. Alors, quand t’as enchainé deux années assistées médicalement avec tes conneries, et que tu te retrouves au point de départ, eh bien t’as l’air con. Et cela même s’il y a encore pleins d’espoirs.
En détaillé, ça donne :
- Toi qui pensais que la nature était bien faite, que la vie était finalement juste, et donc que forcément ça allait marcher. Oublie. Tu seras assaillis de doutes, de ah quoi bon ? de quel sens à la vie lorsqu’elle ne transmet pas ?. Bref, la PMA rend con.
- Toi qui avais de grandes ambitions tafesques. Oublie. Tu ne sauras plus réfléchir. Tu seras bloqué sur ce bas-ventre. Les jours passeront et tes neurones partiront. Les années passent et au fur et à mesure, je perds mes compétences et connaissances professionnelles (j’ai changé de job pour qu’on vive ensemble et qu’on fonde une famille, donc j’ai pas le job qui correspond pile poil à ma formation-passion depuis 3 longues années, et en plus on ne vit plus ensemble, jackpot, bref, je sature), pour le plus beau des sacrifices certes, mais sans aucune certitude de notre future réalité. Alors… je sacrifie mes savoirs pour cette famille qui ne vient pas. Je deviens plus con chaque jour qui passe et m’englue dans ce boulot qui de temps à autre m’émerveille, et de temps à autre (trop souvent) me dépasse. Et puis, à quoi bon si le soir en rentrant il n’y a ni satisfaction, ni conjoint, ni enfant ? Je te l’avais dit, la PMA rend con.
- Toi qui avais pour ambition de pondre d’abord un bébé et d’ensuite reprendre ton job de base pour aller faire le tour du monde ensuite. Oublie. PMA et job-distances ne riment pas ensemble. Patiente 1 an, patiente 2 ans, patiente 3 ans… et bim là c’est la surchauffe cérébrale, la prise de conscience du risque de foutre réellement en l’air ta possible carrière professionnelle dont tu as toujours rêvé. Il va y avoir un, voire des, choix à faire. Saisir, ne pas saisir les opportunités. Peser et sous-peser les risques et chances. Se faire des SWOT Pma/Boulot. Réfléchir (encore). Tourner les problèmes dans tous les sens. Avoir une opportunité. La saisir, y croire, puis re focaliser sur le bas-ventre et songer à abandonner, re dire f*ck au bas-ventre et retenter. Certes j’ai proposé ma candidature pour un poste en interne qui peut révolutionner (ouai, rien que ça) ma vie de demain si ça passe, encore faut-il que ça passe. Mon boss est illisible et insondable, nul ne sait ce qu’il pense (c’est pas faute d’essayer). Je n’ai aucune idée de mes réelles chances. Je sais que c’est un gros challenge, mais pour survivre à la PMA et à l’attente ne faut-il pas d’immenses challenges? Bref, la PMA rend con.
- Toi qui avais des ami(e)s joyeux. Oublie. A leur avoir trop expliqué « ton cas », et eux à avoir trop facilement procréés, ils ne se sentent plus que triste pour toi, et en plus ils ne sont plus à l’aise. Et ne plus pouvoir être joyeux, discuter de tout et de rien, et pas que de PMA, ni de maternité avec tes ami(e)s, ben c’est la plaie. Tes ami(e)s s’éloignent, certains te promettent de te soutenir mais ne donneront plus jamais signe de vie, d’autres (si peu) resteront. Tu supprimeras Face de bouc, comme ça c’est fait, il ne reste que le vrais. Et puis, faut bien te l’avouer, tu sais que tu es en partie fautive. Et oui, tu le sais, la PMA rend con.
- Toi qui mettais de côté pour voyager et aller rendre visite à la (belle)famille pour montrer le nouveau né. Oublie. Tu vas certainement repartir (parce que t’en peux plus d’attendre depuis 2010), mais sans le bébé. Stupide tu me diras de penser que repartir « à vide » est un échec. Ben si quand même, c’est un crève cœur, c’est encore un projet auquel il faut renoncer. La PMA rend con.
- Toi qui étais fière de résister au chocolat et de maintenir ton poids. Oublie. Ce sera yo-yo assuré. Ton meilleur ami sera la chocolat car tu ne peux plus fumer. Et quand ce sera émotionnellement ou physiquement trop dur, ce sera soit t’as oublié de manger, soit t’as trop mangé, effet yo-yo in fine. Bref, la PMA rend con.
- Toi qui aimais voir briller les yeux de ton homme lorsqu’il voyait des pères jouer avec leurs petits. Oublie. Désormais tu y vois de la tristesse et de la douleur chez celui qui avant de te connaitre avait déjà toujours voulu être père. Tu ne sais plus si c’est légitime de lui infliger cette douleur, même s’il dit qu' »on est ensemble » et que cet enfant c’est de nous deux qu’il le veut, même s’il te dit que l’infertilité c’est une affaire de couple, toi tu sais que c’est ta part qui en est responsable. La PMA rend con.
- Toi qui avait pris de grandes décisions « oh jamais plus, ô grand jamais plus jamais de TG ». Oublie. La tension de toute l’attention portée sur le bas-ventre rend con. A dpo 13, afin de calmer les surtensions qui valent de magistrales montées de tons, (et sauver la fin du week-end avec ta moitié), tu fileras à la pharmacie du coin, illico presto. Tu donneras ta science à la pharmacienne médusée et attristée (ben oui, fallait pas demander, ben oui 3 ans Mdam’, ben oui). A dpo 13, et après avoir enchainé sur un cycle négatif le mois passé, tu ne sauras finalement plus gérer et auras besoin de savoir pour soulager la pression qui monte, qui monte, qui monte. Et puis tu auras besoin de savoir pour lundi, car lundi tu revois ta gygy. Et puis, Lulu t’avait prévenue, et elle avait raison. Tu pisseras sur le bâton. La dernière fois, il y a 1 an pile poil à 10 jours près, il y était marqué +2-3, cette fois-ci c’est nada. 15 minutes avant le départ de ta moitié pour la semaine, bim le premier saignement de j1 se pointera. 27 avril 2013, deux bébés poussaient. 27 avril 2014, c’est le bas-ventre vide que je constate que la PMA rend con. Ben voila maintenant tu sais, t’as pissé sur un TG. Tu pleures et colères, puis tu re re vas de l’avant. Pathétique attitude de stress démesuré. La PMA rend con.
Et puis, non seulement la PMA rend con, mais en plus, elle te fait poser des questions cons :
- Comment ne pas douter des protocoles (et de gygy) (on a pas essayé le drilling, on a pas essayé autre chose que le puregon, on n’a pas refait de spermo depuis un bail…) ?
- Comment croire aux IAC et y retourner sereinement alors que ça avait marché « juste » sous stim’ ?
- Comment, si ça fonctionne pour le boulot (pas avant la fin d’année), conjuguer distance Chérid’A et moi + new job (impliquant entre 3-4 mois à l’étranger et par découpage de 7 à 20 jours) + PMA ?
- Et puis, si ça ne marche pas d’ici la fin de l’année, comment et dans quelle ville choisir la prochaine PMA ?
- Et enfin, comment accepter cette dernière année écoulée où à ce jour c’est retour à la case départ ? Ah ben si, là y’a une réponse : pas le choix, et des possibilités redoutées mais avec on l’espère de réels espoirs.
Bref. La PMA rend con.
Et toi, en quoi elle te rend con ?