« Le Paradis sur Terre » [+ Edit photos]

C’est ainsi que l’homme m’a souhaité un Bon Anniversaire ! et les espérances qui vont avec !

Je nous souhaite le Paradis sur Terre pour les (au moins) 4 prochaines années !

Aujourd’hui ce sont nos 4 ans de mariage !

C’était le 21 août 2010.

Il faisait beau, nos familles et quelques amis très proches étaient présents. Un mariage intime qui posait le socle officiel de notre Amour. L’officialisation de ces sentiments coup de foudre nés 4 ans plus tôt autour d’un Ti’punch en juillet 2006. Une date partagée avec Biscotte (bon anniv’ à vous deux ma belle !!).

Le livret de famille nous fut remis… Ce fameux livret aux nombreuses pages restées vides depuis 3 ans… Ces précieuses feuilles où nous espérons pouvoir ajouter dans quelques mois trois prénoms et un nom.

J’avais une jolie robe. Il avait un magnifique costume. En blanc et crème tous les deux. Orchidées blanches pour décorer les tables. Alliances identiques et gravées, venus du pays et amenées précieusement par ses parents dans leurs bagages. Un symbole fort, être ici et là-bas, en même temps, au même instant.

Ma tenue était parsemée de dentelle fine, entre romantisme et charleston. Une robe unique, toute droit venue d’une créatrice cambodgienne ou thaïlandaise (honte à moi, je ne sais plus le pays). Dégotée dans une boutique de la ville normande où je bossais à l’époque (alors que l’homme thésait à la ville des frites). (La distance subie-choisie ponctuée de quasi autant d’années de vie ensemble h24 est réellement une partie intégrante de notre histoire : rencontre suivie de distance, mariage en distance, seconde grossesse obtenue à distance, et qui sait… naissance à distance peut-être, qui sait, nul ne sait, mais si c’est la condition pour que tout se passe bien, alors je signe de suite). Une robe vaporeuse, s’arrêtant au genoux, à laquelle j’avais ajouté un ruban pour lui donner l’allure princesse. Une robe ample en somme, la robe idéale pour une grossesse m’étais-je dis…

Voila donc 8 années de Bonheur, 4 ans de Oui, et aujourd’hui nous sommes à l’aube de l’espérée Famille…

A cette Lueur, et en ce jour de Mariage, nous souhaitons transmettre nos richesses biculturelles (à minima), ouvertes sur le Monde (dans l’idéal). Alors voila… il y a cette chanson « Maladie d’Amour » que vous connaissez toutes. Un carton planétaire dans le monde de la francophonie, aux versions et aux interprétations diverses, tantôt en créole, tantôt en français, tantôt en anglais aussi (ici), tantôt zoukée (de Compagnie Créole à Xanti), tantôt slowisée (version Alain Chamfort), tantôt soukouss (ci-dessous). Cette chanson nous la connaissons par coeur tous deux… mais comme souvent pas dans la même version… alors nous y ajoutons l’originale la plus connue (tout en bas du post) pour faire socle commun… Ça c’est vraiment drôle à chaque fois de se rendre compte que, bien que nés la même année, au même moment dans nos vies d’enfants ou d’adolescents nous écoutions tantôt la même chose, tantôt pas… Certains hits de folie de notre jeunesse (les tubes Goldman, Cabrel & co n’ont pas traversé la Méditerranée… les cartons Petit Pays, 2 Face Idibia & co… n’ont pas traversé la Méditerranée) n’ont pas traversé la Méditerranée…. Mes parents et moi petite, j’entendais cette version ci : En regardant la télé et les émissions pour enfants de l’époque, j’entendais celle-ci :

Ses parents et lui petit, c’était cette version là qui cartonnait :

Les différences culturelles dans un monde mondialisé, c’est marrant, de plus en plus absent aussi… (pour faire court mon neveu joue à la même playstation que les gamins us, australiens, vietnamiens, brésiliens ou français… on regarde les mêmes chaines télés… notre langue maternelle étant la même… on écoute les mêmes tubes… reste que la fougasse et l’aligot ce sont des traditions d’ici, que le nkui (le mets des femmes allaitantes) et le ndolé ce sont des traditions de là-bas). Et tout cela d’autant plus dans les pays aux longues histoires communes… Bref, dans notre vie de tous les jours, et dans nos familles socialement identiques, nos différences se traduisent ni plus ni moins que par des anecdotes de ce style et à la pelle. Mais mine de rien… tout cela est à transmettre ! Et la tâche devient abyssale quand il s’agit de transmettre les relations diplomatiques, l’histoire, les économies, les politiques… alors là, je te dis, on bosse dur avec l’homme pour être au taquet ! Car la culture, les anecdotes, les musiques, les jeux d’enfants, les journées en vacances, les mets, les has been traditions… pour nous ce ne sont que les parties marrantes et émergés de l’iceberg. Ce qui sera difficile, ce seront les points de vue d’autrui biaisés ou focalisés, les non officialisation du passé commun, les discriminations encore à l’oeuvre (chance ou malchance ? si je n’avais pas fait ma vie avec un lui, jamais je ne me serais imaginée un chouillat de certains de nos aberrants vécus… j’ai un post qui traine là dessus… beaucoup ne se rendent pas compte du poids des mots qui en disent long sur les schémas de pensées), les non acceptation… les rejets basés sur une pseudo différence en somme.

Alors voila, le mot transmission étant lancé… Je saute sur l’occasion pour faire cette (importante) aparté que j’ai en tête depuis 6 jours. Aparté sur la longue histoire commune de nos deux pays, et notamment celle exprimée officiellement le 15 août dernier (cf le discours présidentiel concernant le débarquement en Provence). Il aura fallu 70 ans à ma patrie pour réhabiliter une partie de l’Histoire commune officiellement. Ce qui m’a marqué c’est qu’aucun journaliste n’a cité les noms ou pays des 20 présidents africains invités et vus à l’image, pourtant le dossier de presse super facile d’accès de l’Élysée les citent tous (page 12 ici). C’est affolant… Quant aux deux nôtres (de Présidents), ils étaient côte à côte sur chaque image télévisée (mais seul le mien fut nommé), tels deux vieux potes émerveillés par la patrouille de France et ayant des affaires urgentes à régler. C’est important de peu à peu oser écrire l’Histoire. C’est important car demain, si tout va bien, notre Lueur expliquera que ses arrières-grands-parents du côté de son père furent sur les lignes (recrutés de façon forcées) alors que ceux de sa mère n’y étaient pas. On les nomme tirailleurs « sénégalais », par abus de langage, car ces hommes n’étaient pas exclusivement du Sénégal, mais bel et bien de l’ensemble des colonies. Alors, 70 ans… c’est long… mais c’est mieux que rien. J’espère que les « rien » ne se produiront pas pour d’autres histoires à encore officialisées. Je me questionne quand même… attends-t-on que les témoins meurent ? attends-t-on que le temps fasse son chemin pour que les tensions soient d’un autre temps ?

Bref… Je me dis, alors…, yes we can ! yes maybe !… Alors, un jour peut-être, dans approximativement 10 à 20 ans, peut-être que notre Lueur ne devra pas apprendre que la décolonisation s’est bien passée dans son second pays, qu’une partie de sa famille n’en est pas  morte, peut-être qu’il aura un 20/20 en histoire ou géopolitique en témoignant et expliquant que ses grands-parents étaient maquisards, que la région d’origine de son grand père paternel fut celle qui fut mise à feu et à sang, que cette guerre utilisa des techniques similaires à celles utilisées en Algérie (même période), que cette « guerre secrète » a bel et bien existé (guerre nommée ainsi car non officialisée par l’état Français : Le bouquin, Le Monde « Dénoncée depuis des décennies et aujourd’hui largement documentée, cette guerre reste un tabou français », CQFD « C’est une guerre totalement absente des manuels d’histoire. Une guerre terrible, menée par l’Armée française au Cameroun, de 1948 à 1971, pour mater les indépendantistes », et d’autres multiples sources encore…). Il est presque impossible d’établir un bilan précis des pertes humaines. Des rapports font « de 61 300 à 76 300 civils tués » entre 1956 à 1964, sur une population d’environ quatre à cinq millions d’habitants à l’époque. C’est énorme. D’autres chiffres parlent de 120 000 tués (voire plus, tellement il est difficile de faire des estimations précises, et ceci d’autant plus que le tabou reste figé). J’espère que notre Lueur, notre Ti’Bout n’aura pas en 0/20 en citant les vérités et réalités. Qu’il aura des profs intelligents qui entendent qu’en ce monde village (tout est à maxi 1 jour d’avion, c’est dingue!) les histoires s’imbriquent et sont communes et que rien ne sert de les effacer.

Bref, je te parlais de nos 4 ans de mariage, et me voila à te parler de transmission… de la musique à l’Histoire commune… et ceci d’autant plus que tout est si lié… à la veille de demain… où tout pourrait se concrétiser !

Et donc finalement… puisque tout est lié… voici en chanson La version originale la plus connue qui fait socle commun pour nous… celle de cette jolie Maladie d’Amour qui nous unit depuis 4 ans sur le papier, 8 ans dans nos coeurs!

Maladie d’amour
Maladie des amoureux
Chacha si ou enmé mwen
Wa maché déié mwen

Maladie d’amour
Maladie de la jeunesse
Chacha si ou enmé mwen
Wa maché déié mwen

Pich mimi piti
I piti tou piti
Sé janti sépan raj
Mézanmi méfié li
Kan ti tet li an lè
Véié gadé lang li
An bout li sé lanmo
Cemitié an ba tè